Presque tous les parents ont un jour goûté au calvaire de devoir faire face, en public, à leur enfant en crise alors qu’ils sentent peser sur eux tous les regards. Avec le temps des fêtes, vient aussi la tâche des emplettes de Noël. Puisqu’il ne nous est pas toujours possible de faire garder les enfants, nous voilà donc partis pour une expédition risquée accompagnée d’un, de deux, ou parfois de trois enfants en bas âge. Les magasins et les centres commerciaux sont bondés, il fait chaud, on a 1001 trucs à penser, les enfants sont stimulés par les couleurs, le bruit et le va-et-vient. Comment peut-on s’en tirer à bon compte?.
5 trucs pour prévenir les crises :
- Choisissez le bon moment : avant de partir faire les courses avec les enfants, assurez-vous que c’est un bon moment pour le faire. Si vous êtes trop pressé ou fatigué, vous risquez de bousculer les enfants et de perdre patience. De même, si vos cocos sont fatigués, s’ils sont excités ou s’ils ont faim, vous décuplez le risque qu’ils ne vous obéissent pas et aient du mal à maitriser leurs émotions.
. - Établissez les attentes avant de partir : clarifiez les règles, les comportements que vous voulez les voir adopter et ce qui sera interdit. Par exemple : « Il y aura beaucoup de monde au centre commercial, alors tu dois me tenir la main. Avant de toucher à quelque chose, je veux que tu me le demandes d’accord? » Si vous n’avez pas l’intention d’acheter des jouets à l’enfant, prévenez-le avant de partir : « Tu pourras me montrer les jouets que tu aimerais avoir, mais je ne t’achète rien aujourd’hui, compris? »
. - Prévoyez: préparez à l’avance votre plan de match, en cas de désobéissance ou de débordement émotif, vous serez alors plus en contrôle et moins réactifs face aux comportements indésirables.
. - Accueillez l’émotion : soyez empathiques devant les émotions de votre enfant et prenez quelques secondes pour les écouter et les accueillir. C’est parfois tout ce qu’il faut pour éviter que l’enfant ne se désorganise : « Hum, tu aurais aimé jouer avec le vélo? On ne peut pas, mais je te comprends, c’est vrai qu’il est beau hein? »
. - Notez ses demandes dans un calepin des désirs : gardez sur vous, un calepin à l’intérieur duquel vous noterez ce que votre enfant aimerait avoir en lui disant que vous regarderez dans ces suggestions lorsque vous aurez un cadeau à lui faire. Il saura ainsi que sa demande a été entendue et apprendra à différer ses désirs; « Tu aurais aimé que je t’achète cette belle poupée? Oui, je comprends, elle est vraiment jolie. Je le note dans le calepin, on pourra suggérer à grand-maman de te l’acheter pour Noël. »
Ça y est, la crise est partie! Comment s’en sortir?
- Lâchez prise! Arrêtez de vous en faire avec le regard des autres. De toute façon, quoi que vous fassiez, quelqu’un trouvera que vous avez tort. Si vous tentez de raisonner votre enfant, quelqu’un dira : « Regarde la qui négocie avec son gamin! » Si vous haussez le ton, quelqu’un répliquera : « Elle n’aurait pas dû avoir d’enfant si elle n’a pas de patience! » Si vous tenez bon, quelqu’un viendra offrir une sucette à votre coco dans l’espoir qu’il se calme et si vous cédez, alors là, attendez-vous à ce que tous lèvent les yeux au ciel. Mais dites-vous bien que la grande majorité de ceux qui observent la scène est plutôt compatissante puisqu’elle se rappelle très bien la honte ressentie quand c’était son tour de traverser le centre commercial avec une poussette hurlante.
. - Reflétez l’émotion: ne bousculez pas un enfant en crise; vous ne feriez qu’augmenter sa détresse. Prenez quelques secondes pour vous baisser à sa hauteur, le regarder avec empathie et nommer les émotions que vous croyez qu’il vit : « Tu es très déçu qu’on doive partir n’est-ce pas? Oui je comprends, on a passé une belle journée. » N’hésitez pas à le prendre dans vos bras quelques minutes pour l’aider à se calmer s’il accepte votre aide. Ça prend des années à un enfant avant de maîtriser ses émotions et il a besoin de votre aide.
. - Ne cédez pas : rappelez-vous que chaque fois que vous achetez la paix pour vous éviter une crise, vous aurez à le payer de cinq crises supplémentaires. Un enfant ne devrait jamais rien obtenir par des cris, des coups ou tout autre comportement que vous jugez inadéquat.
. - Ne l’ignorez pas : de nombreux spécialistes suggèrent d’ignorer l’enfant pendant la crise en disant qu’il apprendra ainsi que les crises sont inutiles. Je ne suis pas totalement d’accord. Il risque alors de comprendre que d’exprimer toute émotion est inutile. Sans accorder trop d’attention à l’enfant ni chercher à le raisonner, je crois qu’il vaut mieux rester proche d’un bambin qui se désorganise. L’ignorer totalement, en particulier dans un lieu public, risque fort d’augmenter son stress et de lui laisser un sentiment d’abandon. S’il ne fait qu’insister et pleurnicher, après l’avoir accueilli, on peut toutefois ne plus porter attention à ses jérémiades et continuer nos emplettes, changer de sujet ou discuter avec quelqu’un d’autre. On ignore alors les pleurs et non l’enfant. L’idée est simplement d’éviter de récompenser la crise de l’enfant par trop d’attention sans toutefois l’ignorer totalement ni le laisser seul avec sa peine.
. - Ne le menacez pas de le laisser seul : Combien de fois ai-je entendu des parents dire à leur enfant en pleurs qui refusait d’avancer: « Bye! Bye! Maman s’en va! Tu vas rester ici tout seul! » L’enfant redouble alors ses pleurs et se précipite vers son parent qui lui, est satisfait du résultat. Je répète souvent qu’en intervention « Ce n’est pas parce que ça fonctionne que c’est bon! » Menacer son enfant de l’abandonner dans un lieu public (ou n’importe où ailleurs) n’est PAS une intervention qui aide les enfants à bâtir leur sécurité affective. Dans le même ordre d’idée, se moquer de lui ou lui dire que tout le monde le regarde est parfois efficace, mais pas très respectueux et corrosif pour l’estime de soi.
. - Trouvez un endroit tranquille : tentez d’amener l’enfant dans un endroit moins achalandé (couloir, salle de bain, salle d’essayage, voiture) afin qu’il ne bénéficie pas d’un public et afin aussi de préserver son orgueil. Attendez simplement que la crise passe en gardant une attitude ferme et chaleureuse. Certains enfants apprécieront de se faire caresser le dos, d’autres refuseront d’être touchés. De la même façon qu’on ne peut arrêter un volcan en pleine éruption, il ne sert à rien de chercher une clé magique pour faire cesser une crise. Il n’y a rien de mieux à faire que d’attendre qu’elle passe. Si, toutefois la crise s’éternisait, il vaut alors mieux retourner à la maison et revenir un autre jour.
. - Après la crise : Félicitez l’enfant de s’être calmé, rassurez-le brièvement puis recadrez vos attentes pour le reste de la journée. Si votre coco semble de meilleure humeur, continuez votre magasinage sans revenir sur la situation. Les enfants d’âge scolaire devraient toutefois avoir une conséquence pour des comportements inadéquats et des manques de respect puisqu’ils ont une meilleure capacité de gestion des émotions et sont capables de davantage d’autocontrôle.
Bon magasinage des fêtes et rappelez-vous : plus on gâte un enfant, plus il risque de se conduire comme un enfant gâté!.
JOYEUSES FÊTES!
Nancy Doyon
Pour lire mon article précédent: LA PROGRAMMATION NEUROLOGIQUE POUR MODIFIER UN COMPORTEMENT
j’aime votre site la solutionestenvous
Tout à fait d’accord. Ca ne marche pas d’ignorer l’enfant en cas de crise il vaut mieux dans ce cas faire diversion en proposant autre chose ou en parlant simplement d’un autre sujet… on peut aussi lui proposer une tâche, une mission à accomplir.. et une fois l’enfant calmé on peut en reparler avec lui pour qu’il sache qu’on a bien vu ce qu’il s’est passé mais sans lui faire de reproche, seulement pour comprendre ce qu’il y avait derrière cette colère. Voici une vidéo que j’ai faite sur le sujet des crises de colère: http://www.droledemaman.com/au-secours-des-poux/