À COURT D’ARGUMENTS ?

Nous perdons une quantité incroyable d’énergie à argumenter, à nous entêter à vouloir avoir raison et à vouloir prouver que l’autre a tort ! Notre ego fait un travail de titan en ce sens car il veut toujours gagner, être le meilleur, avoir raison.

Lorsque nous entreprenons une discussion, aussi banale soit-elle, il arrive parfois que notre opinion diffère de celle de notre interlocuteur et que nous commencions à argumenter pour prouver que notre point de vue est le bon. Parfois même, nous élevons le ton, pour être sûr d’être bien entendu, signe que la distance entre nos deux êtres est en train de s’accroître.

Nous pouvons alors croire qu’il nous faut absolument faire comprendre « le bon sens » à l’autre, en le convainquant que notre point de vue est le meilleur, le seul qui soit acceptable. Si nous avons besoin de prouver que nous sommes juste, peut-être espérons-nous trouver dans cette reconnaissance celle que nous recherchons tant si notre estime de soi a besoin d’être soutenue.

Dès lors, tant que l’autre ne nous concède pas la victoire, nous nous acharnons à trouver tous les arguments pour avoir raison, à tel point qu’un conflit se pointe à l’horizon et menace de briser la bonne entente, le climat ou pire la relation en elle-même.

À bout d’arguments, alors c’est la relation qui en prend pour son grade, puisque nous pourrons crier des insultes, faire des reproches, traiter l’autre de tous les noms, sans mesurer, dans notre emportement intempestif, toute la gravité de ce qui est en train de se produire en ce moment.

Nous plantons ainsi des clous dans le cercueil de la relation, au nom de notre ego et de son besoin d’avoir raison car notre estime de soi ne prend peut-être pas suffisamment de place dans notre vie pour comprendre que chacun de nous possède sa propre vérité.

Quand notre estime de soi n’est pas suffisamment développée et affirmée, notre ego devient comme un cheval fou qui dit tout ce qui lui passe par la tête au nom de son besoin d’être vainqueur. Parfois, il sort vainqueur de cette aventure, mais il peut avoir brisé la relation à tout jamais ou l’avoir tellement heurtée qu’elle ne sera plus jamais la même. Parfois il en sort vaincu, alors la colère et la rage l’habitent longtemps, jusqu’à ce qu’il provoque une autre discussion où cette fois-ci, il pourra enfin avoir raison. Et il ne lâchera pas tant qu’il n’aura pas eu raison sur quelque chose.

Ainsi fonctionne notre ego quand nous ne nous aimons pas assez pour accepter que nous ne puissions contrôler les pensées de l’autre.

Quand notre estime de soi est solide, nous pouvons avoir des bonnes argumentations avec l’autre mais nous ne nous sentons pas menacé par des opinions différentes et ne ressentons pas le besoin d’avoir raison à tout prix. Nous faisons passer le maintien de la relation avant notre ego. Nous n’acceptons pas n’importe quoi, mais nous n’avons plus besoin de prouver que nous avons raison et que l’autre a tort. Nous sommes en paix avec des opinions différentes car nous ne tentons pas de contrôler ce que l’autre pense.

Nous comprenons que l’autre peut avoir raison selon son point de vue et que nous pouvons aussi avoir raison selon notre point de vue. Nous sommes alors davantage à la recherche d’une solution ou d’un compromis gagnant-gagnant. Quand il nous apparait que celui-là n’est pas possible, alors nous acceptons que le but de départ ne sera peut-être pas atteint cette fois-ci et nous sommes en paix avec ce fait. Nous pouvons être déçu, certes, mais nous ne nous perdons pas dans une argumentation sans fin qui ne nous mènerait nulle part.

Il y a d’autres moyens de discuter que celui de vouloir avoir raison à tout prix. Quand on discute à partir de la recherche de solution, accompagnés de notre estime de soi et dans l’ouverture du cœur, on reste en paix tant dans la discussion que dans le résultat. Nos relations avec les autres deviennent dès lors moins conflictuelles et beaucoup plus faciles.

Diane Gagnon

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